Aujourd’hui, je voulais me confier sur l’un des moments les plus précieux de ma vie: la naissance de Margo. Chaque instant de cette journée reste gravé en moi. Voici les détails de cette journée si spéciale, qui a marqué le début d’un nouveau chapitre, le plus beau de tous.
Mes eaux ont rompu le 28 Décembre vers 1h30 du matin. Cela faisait déjà quelques jours que j’exprimais être prête, sans m’attendre réellement à ce que ça arrive de suite. La date d’accouchement prévue en Nouvelle-Zélande était le 3 Janvier, alors qu’en France cela aurait été prévu pour le 10 Janvier. J’avais toujours entendu dire (où peut-être que c’est simplement ce que l’on voit les films et séries) que la sensation est similaire à celle d’uriner mais pas-du-tout, vraiment aucune confusion possible!
Sur le coup, j’ai réveillé Angus en panique sans savoir trop quoi faire. Impossible de me recoucher, l’excitation prenant le dessus. Pour me détendre et me préparer à ce qui allait suivre, j’ai décidé d’aller prendre un bain. J’ai également envoyé un message à Andy, ma sage-femme, pour la tenir au courant de la situation.
Peu à peu, dans le bain, j’ai commencé à ressentir de plus en plus de contractions. N’ayant aucune idée de la sensation à appréhender, j’avais l’impression que la douleur était déjà intense. J’ai commencé à suivre les contractions sur une app, elles devenaient de plus en plus fortes, à quelques minutes d’intervalle. De par ces signes de travail, j’ai, à 3h30 du matin, appelé Andy. Elle m’a rassuré en m’expliquant qu’il y ait de grandes chances pour qu’il se passe encore quelques heures avant que le travail commence réellement et que nous resterions en contact. Elle m’a donné rendez-vous à l’hôpital au petit matin afin de faire le point.
Vers 8h, nous sommes rendus à l’hôpital pour notre rendez-vous. Lors de l’examen, Andy nous a conseillé de rentrer chez nous car le travail n’avait pas encore suffisamment progressé. J’étais à seulement ~2cm de dilatation. En Nouvelle-Zélande, les sage-femmes incitent à rester chez soi le plus longtemps possible afin de ne pas stopper ou ralentir le processus de dilatation. Une fois de retour à la maison, nous avons mis un film sur Netflix pour nous essayer de nous distraire. Autant dire que je n’ai pas du tout réussi à suivre l’histoire, les contractions étant de plus en plus douloureuses et difficiles à gérer. Nous avions loué une TENS machine pour l’occasion, donc pendant ces quelques heures passées à la maison, j’avais des électrodes positionnées sur le dos afin de m’aider à naviguer la douleur. Je déclenchais les électrodes à chaque nouvelle contractions comme pour faire diversion. Ça m’a beaucoup aidé! Je recommande vraiment de louer une TENS machine avant le jour J — j’avais loué la mienne sur le site Sweet Beats sweetbeats.co.nz.
À 13h47, j’ai renvoyé un message à Andy pour lui demander si elle pouvait passer à la maison afin de faire le point sur l’avancée du travail. Je voulais être rassurée sur l’évolution avant de retourner à l’hôpital. Elle est arrivée vers 15h30, a fait son examen et a confirmé qu’il était temps de se rendre à l’hôpital. À ce stade, j’étais dilatée à ~7cm.
J’avais convenu à l’avance avec ma sage-femme, vouloir un accouchement le plus naturel possible, sans péridurale, et idéalement dans l’eau. J’ai eu la chance en arrivant à l’hôpital d’obtenir une des chambres d’accouchement comprenant une piscine d’accouchement (c’est selon la chance si il y a de la disponibilité ou non). À 16 heures, je suis entrée dans la piscine. Malgré le lieu très médicalisé, la pièce contenant la piscine inspirait presque à la relaxation. Lors de ce temps, j’ai fait beaucoup de travail de respiration et de visualisation, imaginant chaque contraction comme une vague roulant sur le rivage. Me répétant des mantras remplis de bienveillance et de lumière. “Chaque contraction me rapproche de mon bébé” “Mon corps et mon bébé sont en contrôle; ils savent quoi faire” Mon conjoint me donnait régulièrement des serviettes imbibées d’eau glacée ainsi que verres d’eau remplis de glaçons pour me soulager. Une bonne demi-heure plus tard, j’ai ressenti une envie naturelle de pousser. Toute cette partie reste très floue dans mon esprit. La phase de poussée a été très longue. Andy a vérifié plusieurs fois, m’a assuré que je poussais ‘bien‘. Après un certain moment il n’y avait tout simplement plus d’évolution. Elle a commencé à monitorer le bébé de façon plus régulière. J’étais toujours calme mais commençait à me poser des questions. Après 2h30, elle m’a demandé de sortir de l’eau, la situation devenant critique. J’ai compris à cet instant là que mon accouchement naturel s’envolait tout doucement.
Je suis sortie de la piscine d’accouchement et l’équipe obstétrique est venue nous voir. Ils nous ont présenté deux options: essayer de pousser naturellement de nouveau mais pendant un temps très limité et avec potentiellement une intervention selon l’évolution de la situation, ou avoir recours à une intervention (ventouse ou forceps) de suite pour faciliter la naissance. Après avoir pesé le pour et le contre, et malgré l’épuisement, j’ai choisi de continuer à pousser.
Juste avant 21 heures, une autre sage-femme est arrivée pour m’assister. Allongée sur le lit d’hôpital, j’avais donc 2 sage-femmes à mes côtés, chacune me tenant une jambe. C’est vraiment à ce moment là que tout s’est accéléré. Sans que j’ai le temps de réaliser et toujours sans anti-douleur, la nouvelle sage-femme a pratiqué une épisiotomie, sous les yeux ébahis de mon conjoint qui savait que de toutes les interventions possibles, c’était l’une de celles qui me terrifiait le plus. On a su par la suite que bébé que essayait de sortir une main posée sur son visage. Comprendre que la poussée avait été quasiment inutile à partir d’un certain temps de l’accouchement a été déculpabilisant, il n’y avait littéralement rien que j’aurais pu faire différemment.
C’est à 21h30, notre petite Margo est née. C’était un moment hors-du-temps. J’avoue que sur le coup j’ai eu du mal à réaliser, complètement sonnée par les événements. Ils l’ont déposée sur moi et elle a fait sa première tété. Nous avions prévu de laisser le cordon ombilical attaché le plus longtemps possible, ce qui est mieux pour bébé, mais à cause de l’épisiotomie ça n’a pas été possible. Angus a coupé le cordon. On m’a ensuite proposé du gaz hilarant le temps de me recoudre. J’étais dans un état second. Pendant qu’Andy examinait Margo, j’ai pu prendre une douche.
Vers minuit et demi, nous avons quitté l’hôpital pour rentrer à la maison. Nous aurions pu passer la nuit à l’hôpital mais tous les voyants étant au vert, habitant tout près de l’hôpital, et mon conjoint étant docteur, nous avons décidé de rentrer à la maison le plus tôt possible. Je me souviendrais toujours de bébé tout petit dans son siège auto sur la route du retour. C’est ainsi que nous avons commencé cette nouvelle étape de notre vie, remplis d’amour et de gratitude.
Cette journée a été remplie d’émotions de toutes sortes. Bien que l’on soit préparé à ce qu’il pourrait ou non arriver lors de l’accouchement, je pense que l’on ne s’attend jamais à ce les choses ne se passent pas telles qu’on les a imaginées. Mon projet de naissance était bien différent de ce qu’il s’est vraiment passé. Notre histoire m’a confortée dans ce choix d’accoucher à l’hôpital. Les jours (semaines) qui ont suivis, j’ai vécu la phase de poussée particulièrement longue ainsi que l’épisiotomie comme un traumatisme. J’étais triste, en un sens, de ne pas avoir eu l’accouchement apaisé dans l’eau dont j’avais rêvé. Aujourd’hui, je suis reconnaissante que tout se soit bien passé, que Margo soit née en bonne santé. Ils ne passeront sans doute jamais par ici mais je tiens à remercier tous les professionnels de la santé qui m’ont soutenue tout au long de cette longue et belle journée, ainsi qu’envers mon conjoint pour son soutien.
La naissance de Margo restera à jamais gravée dans mon cœur.
À ma fille — tu es venue illuminer ma vie, tu es tout simplement parfaite mon petit soleil. Je t’aime jusqu’aux étoiles, et plus encore 🫶💫